L’atelier est un lieu à part. Il se situe dans une zone intime, à la frontière entre le réel et l’imaginaire. Ici, la réflexion, l’expérimentation et l’introspection se rencontrent dans un ballet silencieux. C’est le lieu où la pensée devient geste, où l’idée prend corps dans la matière.

Dans mon atelier, le désordre et l’harmonie cohabitent. Les pigments se mêlent aux tubes, mes toiles d’acier se cumulent comme des imaginaires en devenir. Le tumulte des objets n’est pas chaos mais langage : j’aime avoir sous la main, dans mon champs visuels tous mes compagnons.

C’est un espace lumineux, baigné d’une clarté changeante qui rythme mes journées. J’aime y entrer le matin, quand la lumière s’étire et réchauffe les murs, et j’aime en repartir quand le jour s’efface, laissant dans l’air la mémoire des gestes. L’atelier ne dort jamais vraiment : même vide, il continue de penser pour moi. J’y laisse mûrir des réflexions, comme on laisse pousser un jardin.

Car l’atelier n’est pas qu’un lieu physique : c’est un compagnon de route, un miroir intérieur. J’y viens pour peindre, mais aussi pour m’y perdre, pour écouter ce que la matière murmure, pour dialoguer avec mes intuitions. Et chaque fois que j’en franchis le seuil, je sais que quelque chose va changer – dans le tableau, dans ma perception, peut-être même en moi.

C’est là que le beau se fabrique, entre désordre et lumière, entre tension et abandon. Là que l’on comprend qu’un atelier n’est jamais figé : il est vivant.

Créer, c’est sans cesse se réinventer.

Christine Lavoie  
Atelier #37 
Atelier Libellule – Avenue du Port – 17480 Le Château d’Oléron –