J’achète l’acier brut découpé aux formes et dimensions souhaitées. De l’acier tout simple. Je le fais rouiller avec des produits de cuisine : eau, sel, citron, vinaigre… Pendant l’oxydation, je vais voir régulièrement la rouille se former et prendre toutes ses couleurs. Magnifique et fascinant process. je vois naître les formes et imagine déjà quel sera le thème du tableau. A point donné, je fixe l’ensemble. La base est là.

Mais ce n’est que le début. Il faut laisser mûrir, divaguer l’esprit.
Le travail du peintre commence. Accentuer les ombres, les lumières, suivre les lignes, tourner et retourner encore l’ensemble. Si ce premier travail se fait généralement avec les teintes jaunes, orangées, terre de sienne brûlée et terre d’ombre, il me vient ensuite l’envie de réhausser les couleurs « terre », de bleus, de verts et de dorés….

Loin d’imaginer le résultat final, il se construit petit à petit. Combien de temps ? Plusieurs jours, semaines… ponctués de phases d’euphorie et parfois aussi de déception. Il m’arrive de me perdre dans ses méandres. Et trouver qu’au final, le résultat n’y est pas. Ne me convient pas. Mais rien ne se perd, tout se crée. Des « chutes » naissent l’expérience. Une phase d’apprentissage permanente. L’expérimentation est nécessaire à la création.

Je dis souvent que mes tableaux réussis sont le fruits de toutes mes précédentes chutes. Ainsi se construit notre dialogue.

Créer, c’est sans cesse se réinventer.
Christine Lavoie
Artiste-peintre